Soumis par malassingne.cindy le jeu 12/09/2024 - 15:58

La gravure, un art visuel où le rendu est souvent associé au noir et blanc ? C’est vrai mais pas que !
Ainsi, au printemps 2024 (et sans doute encore aujourd'hui!) , quand le visiteur franchit la porte de l’atelier de Catherine Anne-Marie Doré, il fait face à des essais aux multiples couleurs. Le projet de l’artiste autour de l’empreinte laissée par la mer sur le sable invite à une plongée rythmée et colorée.

 

 

Formée à l’Académie de gravure d’Anderlecht pendant un peu plus d’un an, Catherine Anne-Marie nous reçoit dans son atelier d’artiste. Avant sa formation, l’artiste a testé toute seule la linogravure, technique qui reçoit sa préférence aujourd’hui.

photo entrée atelier
Une partie de l'entrée de l'atelier de l'artiste

C’est quoi la gravure?

Avant toute chose, la gravure représente une technique consistant à creuser sur un support intermédiaire (allant du métal, au bois en passant par le lino, un tétrapack ou encore un isolant salle de bain –oui oui vous avez bien lu !, un CD, etc.). Ce support va ensuite être encré puis imprimé sur une feuille de papier. La technique de la gravure permet de reproduire un dessin en plusieurs exemplaires (ce que l’on peut appeler une série).

Entre graver en creux (taille douce) ou graver en surface (taille d’épargne), plusieurs techniques de gravure existent. Chaque artiste teste, développe ses affinités avec les outils, les supports et les rendus finaux. Là où le point de vue est partagé, c’est bien autour de l’intérêt de la gravure : tant que ce n’est pas imprimé, on ne connait pas le rendu final. Effet de surprise presque garanti !

La linogravure

Revenons à la linogravure chère à Catherine Anne-Marie Doré.

Gravure en relief, la linogravure est réalisée sur un support à base de lin de quelques millimètres d’épaisseur : le linoleum. Celui-ci est composé pour partie de lin – ce qui peut donner une odeur particulière. Pour travailler ce support, il faut utiliser des gouges fines (outils coupants avec différentes formes (arrondies, en V, etc.)). La plaque de lino permet un tracé différent d'un tracé réalisé sur support bois. La surface lisse permet ainsi d’obtenir une qualité optimale lors de l’impression.

plaque de lino
Plaque de linoleum ou encore appelé lino-  le support permet des impressions souples

gouge
Focus sur une gouge utilisée par l'artiste

Comment faire de la linogravure ?  Un maître-mot :  retirer de la matière ! Ainsi, certaines parties de la plaque sont enlevées avec la gouge – généralement à partir d’un dessin préalablement réalisé. Une fois le travail à la gouge effectué, l’encre est apposée sur les parties laissées en relief.

En somme, cela se traduit par l’équation suivante :  ce qui va s’imprimer sur le papier = ce qui a été encré en relief par l’artiste, avec un effet miroir . Pour imprimer avec la technique de la linogravure, l’artiste conseille d’utiliser une presse à taille douce à laquelle on adapte quelques modifications ou sinon, plus simplement, il est tout à fait possible d’utiliser une cuillère en bois par exemple ou encore sa main, un baren , une machine à pâte…

baren
Focus sur un baren

Il existe une multiplicité de supports et donc de techniques dans l’univers de la gravure; à chacun de trouver ce qui lui va bien !

Technique de la gravure au carborundum 

Elle se pratique sur un support plexiglass, carton (une surface rigide) où il faut venir déposer des grains de carborundum d'une taille qui peut varier (fonction du rendu souhaité). La poudre / les grains sont fixés sur le support et unis entre eux par un liant, un vernis ou un adhésif.

Petit « truc » de l’artiste : la marque AKUA - encre à base de sauce soja non toxique- propose un produit prêt à l’emploi d’une grande finesse.

Technique de l’estampe japonaise

On grave sur du bois, en ayant fait des repères pour la feuille de papier puis, on imprime, tour à tour, chacune des couleurs (une plaque par couleur). Catherine Anne-Marie conseille de mouiller légèrement la plaque pour que bois gonfle un peu . Une fois cela fait, il convient de déposer le mélange réalisé entre la colle de riz et du / des pigments ou aquarelle puis, avec une brosse souple, d’encrer le support bois. Ensuite, vient le temps de l’impression via la presse ou encore, si l’on opte pour une approche plus manuelle, utiliser un baren.

Spécificité de la technique : aucun blanc apparaît au moment de l’impression ! Plusieurs couleurs sont superposées au millimètre les unes sur les autres.

Technique de l’eau forte

Gravure dite de taille douce (en faible creux), l’eau forte se caractérise également par sa taille dite indirecte : c’est essentiellement le mordant chimique qui va travailler la gravure.

En synthèse :  une fois la plaque préparée, vient le temps de dessiner sur cuivre (fin) ou zinc (épais) puis appliquer un mordant chimique (qui va attaquer le métal).

Le processus en détail :

  • Préparer la plaque : Poser le vernis sur la plaque puis la polir avec du papier de verre fin et enfin, dégraisser à la sauce soja - renouveler autant de fois que cela est nécessaire.

Comment savoir si la plaque est bien polie ?  Si on peut se voir dedans quasiment comme dans un miroir, c’est bon !

  • Déposer un vernis protecteur ; protéger l’arrière de la plaque aussi
  • Dessiner à la pointe sèche ou avec d’autres outils spécifiques 
  • Pratiquer des bains de mordants / le temps du bain varie selon l’effet attendu.
  • Enlever le vernis
  • Encrer

plaque de zinc pointe sèche
Plaque de zinc – dessin pointe sèche

Encrer 

Au préalable de l’encrage, il est nécessaire de déposer la matière sur une surface plane, propre – par exemple, une plaque en verre. Ensuite, vient le temps de travailler / étaler la matière pour la récupérer et venir la déposer sur le support gravé.

tétrapack et encre
Tétrapack prêt à être encré 

Etaler la matière avec une ancienne carte bancaire ? Mais oui, c’est possible !

étalage matière
Etalage de la matière via une carte bancaire

On peut, de manière plus classique, travailler avec un rouleau pour encrer le support. Pour cela, il faut récupérer la matière travaillée sur le rouleau puis passer rouleau sur le support gravé.

Ensuite, il suffit de laisser l’encre uniquement dans les creux en se servant de la tarlatane (tissu de coton à maille fine).

Petit « truc » de l’artiste : Si on souhaite enlever le fond coloré autour de la gravure, il suffit de prendre du papier journal ou encore une feuille d’annuaire.

Imprimer

Classiquement, l’impression se fait via une presse où il convient d’adapter la hauteur entre le rouleau et le papier d’impression. En fonction du type de presse utilisé, le papier doit être humide pour aller chercher l’encre dans les creux.

presse de l'artiste
Presse utilisée par l'artiste

L’impression se fait sur différents types de papier. Si l'on souhaite une impression sur papier très fin, opter pour un papier chinois, japonais ou coréen est recommandé.

Petit « truc » de l’artiste : Tester 2/3 tirages à la presse avant d’avoir un résultat correct - D’où l’importance d'avoir des repères pour retomber au même endroit,  surtout quand une série est imprimée !

Aujourd’hui, tous les artistes pratiquant la gravure cherchent des solutions pour éviter les vernis et mordants toxiques. Un principe alliant alors une dimension écologique et souci de santé / bien-être de l’artiste est recherché.

Découvrez des réalisations de Catherine Anne-Marie sur sa fiche artiste.

Consultez en outre les fiches artistes d’artistes des artistes graveurs inscrits sur le site artistes62.Fr  : Nicole Fraysse, Magalie Devulder, Grange art, Christelle Guerlus et tant d’autres…. Rendez-vous sur la page d’accueil du site et sélectionnez la technique « Gravure » pour affiner votre recherche