Qu’elle soit consciente ou non, l’approche autour de l’ombre et la lumière peut traverser les œuvres artistiques. La lumière ne se contente pas d’éclairer. Elle sculpte, révèle, raconte. Et l’ombre, loin d’être son contraire, devient complice silencieuse mais aussi un territoire de la suggestion ou de la profondeur.
Autodidacte, depuis son plus jeune âge, Laurent Da Silva dessine, peint. Après une longue période sans produire, aujourd’hui, il renoue avec le besoin de s’exprimer en s’inspirant de toiles de maîtres – mais pas que - pour les réinterpréter dans une perspective « Art-déco ». Il utilise la peinture acrylique comme celle à l’huile appliquée sur de la toile coton. Lors de ses créations, l’artiste essaie de garder en tête 3 notions essentielles : le point de focalisation, la structuration et l’équilibre.
A travers le cycle « Ombre et lumière », Laurent Da Silva propose de lever le voile sur son travail. D’une part, sur ses créations bi chromatique. D’autre part, sur ses œuvres s’inspirant de toiles de maîtres.
En mémoire à l’épopée minière du Bassin-Minier et à ses grands-parents, l’artiste propose des peintures en noir et blanc. Ce travail se base sur la lumière renvoyée par les mineurs de fond mais aussi par les femmes, les galibots, les animaux, etc. - en bref, tout ce qui peut représenter la mémoire.




Malgré cette opposition de noir et de blanc, une lueur de couleur apparaît comme un fil conducteur dans la création de Laurent Da Silva : une trace de bleu. Cette dernière rappelle un fait : les mineurs voyaient peu le ciel bleu. L’artiste met en évidence les lignes directrices d’une œuvre guidant ainsi l’œil du spectateur. Il explore la rencontre entre la clarté et la pénombre dans un même visage ou une même scène.
Au-delà de l’aspect visuel, la lumière chez Laurent Da Silva peut prendre une dimension plus intérieure. Elle devient métaphore du temps passé ou encore présence du souvenir. Face à une œuvre de l’artiste, le regard prend le temps de s’ajuster, comme dans la pénombre d’une pièce. Chaque détail se dévoile peu à peu, dans une relation intime à l’obscurité. C’est une peinture qui n’impose rien mais invite, qui ne sépare pas le visible de l’invisible mais les relie par la vibration de la lumière.
Sur les œuvres créées par l’artiste, la lumière ne jaillit pas par hasard. Elle est travaillée, patiemment construite. L’artiste utilise des zones sombres profondes, des éclats de lumière volontairement ou non limités, un chromatisme pouvant être réduit dans les travaux en noir et blanc mais explosant davantage dans les créations en lien avec l’Art déco que propose l’artiste.




Pour lui, le dessin est à l'artiste peintre et au sculpteur ce que le verbe est à l'orateur, à l'écrivain, la note au musicien. L'Homme y ajoute son caractère et sa culture ; la créativité fait le reste. Toute expression est en effet la confluence d'un savoir, d'une personnalité et d'un don, trois conditions qui, réunies, sous-tendent l'émergence d'une œuvre ; celle-ci est alors unique, vraie et sincère lorsqu'en plus le don permet à la personnalité de faire oublier le savoir.
De cette réflexion, Laurent Da Silva base son travail sur la complémentarité des couleurs orientant ainsi le regard vers la lumière ou l’obscurité, d’un côté ou de l’autre du cercle chromatique. Chaudes ou froides, les couleurs se complémentent pour donner la lumière ou l’ombre dans les aplats posés sur la toile. Il apparaît alors nécessaire de bien préparer le travail dans des esquisses afin de rendre harmonieuse l’œuvre. A travers sa série inspirée de l’Art déco et des grands maîtres de la peinture, l’artiste mêle références historiques et interprétation personnelle.
Dans son expression artistique de réinterprétation d’œuvres de maîtres, l’artiste analyse les lignes directrices mais aussi la notion de mouvement que le maître a souhaité donner dans ses coups de pinceaux, de couleurs mélangées, etc. De cette notion, Laurent Da Silva représente ces mouvements, cette vie, au travers des lignes noires rondes et discontinues. Ces mêmes traits noirs soulignent également l’expression des visages. Les créations ne représentent pas de simples hommages : elles sont des relectures où la lumière devient comme un fil conducteur entre époques, styles et sensibilités. Fonds sombres et lumières stylisées jouent d’ailleurs avec les codes décoratifs.
Les toiles de l’artistes racontent des fragments de lumière mais toujours ils s’avèrent – souvent- encadrés par l’ombre comme un silence protecteur.
Article co-écrit avec l’artiste afin qu’il présente sa démarche : Fiche artiste
(Crédit photos : Laurent Da Silva)